Cœur Porte de Clignancourt

    Nous, Gilets Jaunes des quartiers populaires de Paris, estimons que l’art est un bien commun produit par le peuple pour le peuple, et non un business en faveur de l’élite, comme ce cœur qui a coûté la bagatelle de 650000 Euros à la collectivité ! Ce ne sont pas les pseudo réunions d’information « participatives » organisées par la mairie qui changent quoi que ce soit, car tout est décidé par avance, ce sont juste des campagnes de propagande et d’auto-promotion, comme le grand débat de Macron !

Cette œuvre, dont nous ne discuterons pas ici le coté esthétique, est représentative de la vision bobo de la politique culturelle à la très macroniste mairie de Paris. Le point d’orgue de cette politique est le bouquet de tulipes de Jeff Koons, ex-trader, et idole de la vacuité postmoderne, une babiole à 3,5 millions d’Euros. D’autres œuvres « avant-gardistes » doivent être déployées le long de la ligne de tramway afin d’éduquer les gueux incultes aux délices de l’art bourgeois, soit plusieurs millions d’Euros encore dilapidés. De plus, la spéculation est entretenue par les plus riches qui, non contents de s’approprier le bien commun, utilisent l’art pour défiscaliser leurs profits.

Non loin d’ici, rue d’Aubervilliers, à la limite des 18e et 19e arrondissements, il existe une superbe fresque d’art populaire n’ayant rien absolument coûté à la collectivité, dont un portrait géant de Christophe Dettinger. Cette fresque invite bien davantage à la réflexion, au partage, et à la solidarité que quelques œuvres hors de prix et totalement hors sol. Il existe donc un art de classe au même titre qu’une justice de classe.

De plus, cette inauguration le jour de la fête consumériste de la Saint-Valentin assimile l’art à une simple marchandise, ce qui de fait remet en cause l’indépendance de nos artistes, à l’heure où la liberté de la presse ainsi que les libertés individuelles et collectives sont bafouées.

L’amour soi-disant symbolisé par ce cœur se fonde sur les vraies relations entre humains, et n’a rien à voir avec la marchandisation de la société qui nous éloigne chaque jour davantage les uns de autres en monétisant toujours plus la moindre de nos activités.

En ces temps où de plus en plus de gens d’ici et d’ailleurs peinent à se loger, à se nourrir, à vivre tout simplement, nous Gilets Jaunes, somme favorables à un art populaire connecté aux réalités du quotidien.

– Nous estimons que ce pognon de dingue pourrait être utilisé pour permettre à des artistes locaux de vivre dignement de leur art, alors qu’ils sont, comme tant d’autres, victimes de la politique de gentrification de la ville de Paris, et sont régulièrement expulsés des squats qu’ils occupent.

– Nous estimons que ce pognon de dingue serait mieux utilisé à loger des sans abris qui sont de plus en plus nombreux malgré les promesses gouvernementales et municipales.

– Nous estimons que ce pognon de dingue devrait permettre de nourrir correctement nos enfants dans les cantines scolaires au lieu des mixtures infâmes produites par la Sogeres via des appels d’offres opaques.

Et cette liste est loin d’être exhaustive… !

Les Gilets Jaunes n’ont pas le cœur à danser, fêter, et chanter, vus les camarades blessés, mutilés, condamnés, et emprisonnés.

Les Gilets Jaunes de Paris et d’ailleurs.